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Les postures, âsana

Troisième étape du yoga selon les Yoga Sūtra de Patañjali :
les postures, âsana.

L’âsana est  le membre du yoga le plus connu actuellement, le plus pratiqué dans les salles.
Les postures, âsana, sont donc placées juste après les yama et niyama, dont la compréhension et la mise en place nous l’avons vu, sont fondamentales dans cette voie du yoga dont ils constituent les bases.

L’étymologie du terme âsana, mot neutre, dérive de ÂS : s’asseoir, ou être assis, s’établir, rester, résider. C’est donc le fait de s’asseoir, d’être assis, même si beaucoup de postures ne sont pas nécessairement assises.

Patañjali, YS. II. 46 donne la définition suivante :
« Sthirasukham āsanam. »
« L’âsana doit être ferme et aisé. »

  • Sthira : ferme, solide, fort, calme.
  • Sukha : facile, agréable, heureux, aisé.
  • Āsanam : être assis.

 Puis, à la suite, il donne une orientation fondamentale concernant l’âsana, YS. II. 47 :
« Pratyatnaśaithilyānantasamāpatthibhyām »
« Par le relâchement de l’effort et l’identification à l’infini, la posture est maîtrisée. »

Selon cette définition, l’âsana, la posture doit être ferme, stable, agréable et aisée, détendue, accomplie sans effort, le mental orienté vers le « sans fin », c’est-à-dire:
 samâpatti vers ânanta.
La posture est maîtrisée lorsqu’il y a relâchement de tout effort et coalescence entre
le sujet, celui qui exécute la posture, l’objet, la posture finale, et la fonction, la vision intérieure qui consiste à obtenir l’infinitude à l’intérieur de la forme, à l’intérieur du corps, le regard tourné vers le cœur, siège du Soi.
La forme ainsi pleinement habitée, n’est plus sujette à la dualité du monde sensible,
aux jeux incessants des paires d’opposés : joie/peine, chaud/froid, etc. ce que précise le sūtra 48 :
« Tato dvandvānabhighātha »
« De cela, les paires d’opposés n’assaillissent pas la jarre (le corps). »
Le regard tourné vers son centre, son propre cœur, l’adepte réalise l’équanimité.

L’âsana n’est donc pas seulement un contenu, une forme dans l’espace, elle est indissociable d’un contenu, l’aspiration de tout être à l’Absolu, l’orientation vers l’infini.

Statut du dieu Shiva Institut du Yoga Traditionnel

 

 

« La posture devient parfaite lorsque l’effort pour l’accomplir disparaît,
de telle sorte qu’il n’y ait plus de mouvements dans le corps.
De même, sa perfection s’accomplit, lorsque l’esprit se transforme en infini,
c’est-à-dire lorsqu’il fait de l’idée de l’infini son propre contenu. »

(Vyāsa commentateur des Yoga Sūtra)

Traduction des Yoga Sutra de Patañjali : Robert COTTET


Yama et niyama

Toute personne qui s’engage dans une démarche authentique du yoga est censée connaître les dix yama et niyama. Or de nos jours, le yoga devenu extrêmement populaire, est essentiellement associé aux postures corporelles, asana. Très peu de pratiquants ont entendu parler de yama et niyama,
ou s’ils en connaissent l’existence, les ont-ils compris, intégrés et mis en application dans leur vie quotidienne ?

En effet, le yoga voie de transformation et d’éveil, suit un chemin progressif qui mène l’adepte, du monde extérieur impermanent, vers le monde intérieur, vers sa nature spirituelle, l’Être, vers la stabilité. Ce chemin, selon les Yoga Sutra de Patañjali,
se décompose en huit étapes, huit moyens de réalisation, appelés anga, littéralement membres. Les yama et niyama en sont les tout premiers. Ils constituent des préliminaires incontournables pour avancer dans cette voie qu’est le yoga, vers le but ultime,
la réalisation, l’état Kaivalya, état d’autonomie.
Chaque anga maîtrisé constitue une bhumi, une terre ferme, solide sur laquelle l’adepte peut s’appuyer pour accéder au anga suivant, purifiant et apaisant ainsi, par degrés successifs, son véhicule physico-psychique jusqu’au degré le plus élevé du yoga, la lumière de la connaissance, l’expérience intérieure.

YS. II. 28
« Lorsque les impuretés ont été détruites par la pratique constante et graduelle des membres du yoga, la lumière de la connaissance se produit jusqu’à l’apparition du juste discernement. » (Tara Michaël)

« La lumière de la sagesse s’élève à la Connaissance du Discernement quand l’impureté a été éliminée à l’aide des membres du yoga. » (Wood)

L’ensemble des membres du yoga est donc utilisé comme purification des impuretés appelées klesha, génératrices de souffrance et de karma, depuis les plus grossières jusqu’aux plus subtiles. C’est seulement lorsque tous les facteurs de souffrance ont été détruits à la racine, que l’adepte atteint la réalisation de sa véritable nature et le discernement libérateur. Le monde extérieur n’a alors plus d’emprise sur celui qui a accompli ce chemin de perfection. Il est libre, en paix, ayant transcendé ses oppositions, toutes ses contradictions et retrouvé son unité fondamentale originelle.

Lingam Gangotri

Suivons maintenant pas à pas, chacune de ces étapes.

Première étape du yoga : yama

Selon l’étymologie yama, nom masc. signifie règle, observance, restriction, contrôle de soi. Il est d’ailleurs souvent traduit par restriction.
Les yama règlent les comportements de la vie extérieure.
Ils consistent en la maîtrise des impulsions naturelles inhérentes à tous les êtres vivants, et communes à l’être humain et à l’animal.
Ils visent à se dégager des impressions des sens qui génèrent agitation, confusion, égarement, puisque naturellement tournés vers l’extérieur, vers l’impermanence du monde.

Le tout premier de ces yama est Ahimsa qui représente la plus haute vertu selon le Kurma Purana. Il est le point central de toute démarche de yoga, le fondement des autres yama et niyama.

  1. Ahimsa : la non-violence, c’est apprendre à aimer tous les êtres vivants sans distinction. S’abstenir en pensée, parole et action de nuire, de causer de la souffrance à un être vivant y compris soi-même.
    YS. II. 35 « Celui qui n’offense pas, éloigne toute animosité de sa présence. » (James Naughton, Woods)
  2. Satya : la véracité ou être vrai en pensée, parole et action. Une parole vraie entraînant de la violence, n’est pas satya, et parfois le silence verbal est mieux considéré qu’une bonne parole.
    YS. II. 36 « A qui ne ment pas le résultat de ses actions est profitable. » (Woods)
  3. Asteya : le non vol, l’intégrité, l’absence de convoitise en pensée, parole et action. Désirer mentalement quelque chose appartenant à autrui avec convoitise est considéré comme un vol. Il s’agit d’une appropriation non autorisée.
    YS. II. 37 « A qui ne vole pas tous les joyaux deviennent accessibles. » (Woods)
  4. Brahmacarya : « la chasteté », ou la contrainte du pouvoir caché, qui va permettre d’utiliser l’énergie contenue à des fins spirituelles.
    YS. II. 38 « Celui qui n’est pas sensuel obtient l’énergie. » (Woods)
  5. Aparigraha : la non appropriation et non accumulation des objets de jouissances physiques ou mentaux, qui sont source d’attachement et souvent source de violence.
    YS. II. 39
    « Celui qui n’est pas cupide perçoit les façons de naître. » (Woods)
    « Quand il y a stabilité dans la non-appropriation, la juste connaissance du pourquoi et du comment de la naissance se produit. » (Robert Cottet)

Seconde étape du yoga : niyama

Niyama, nom masc. a pour sens étymologique, restriction, contrainte… Il est traduit par observances et vise à l’organisation de la vie intérieure.
Niyama « c’est orienter la pensée vers l’unité fondamentale des choses et les détourner de l’observation des différences » d’après la Tejo Bindu Upanishad (I. 18)

  1. Sauca : la pureté, la propreté tant extérieure (sensorielle), qu’intérieure (mentale). Cette dernière étant la plus importante, elle s’acquiert par la connaissance de sa vraie nature.
    YS. II. 41 « De la pureté naît l’aversion de son propre corps et l’absence de contact avec d’autres. » (Robert Cottet)
  2. Samtosa : le contentement, rester égal devant les paires d’opposés procure la joie intérieure.
    YS. II. 42
    « Le contentement permet d’obtenir la plus haute forme du plaisir. »
    (Wood)
    « Du contentement, l’obtention du bonheur suprême. » (Alyette Degrâces)
  1. Tapas : l’ascèse ardente, l’effort intense et continu pour arriver au but fixé. C’est également la capacité à rester égal devant les couples d’opposé tels le chaud et le froid, la joie et la peine, la faim et la soif…
    YS. II. 43 « La perfection du corps et des organes des sens vient de la destruction de l’impureté par l’ascèse ardente. » (Robert Cottet)
  2. Svadhyaya : l’étude, la réflexion, la récitation des textes sacrés qui ont trait à la libération spirituelle.
    YS. II. 44 « Par l’étude, l’union avec une divinité choisie. » (Alyette Degrâces)
  3. Ishvara pranidhana : l’orientation de son esprit vers le Seigneur. Déposer toutes nos actions au pied du Guru suprême, à un principe transcendant, ou tourner le regard vers Ishvara, l’Être suprême. C’est une polarisation sur l’Absolu qui permet l’intériorisation et qui engendre l’absence d’obstacles.
    YS. II. 45. « Par la méditation profonde vers Ishvara, on atteint le samadhi. (l’accomplissement) » (Robert Cottet)

Nous n’insisterons jamais assez sur l’importance de ces préliminaires du yoga, trop souvent négligés. Ils sont de précieux outils de transformation intérieure, dont le but est d’amenuiser les facteurs d’affliction, et de mener l’aspirant spirituel à l’ultime réalisation, le samadhi. S’y adonner constitue pour le yogi « le grand vœu », maha vratra.

Traductions des Yoga Sutra de Patañjali
– James Naughton, Woods
– Alyette Degrâces
– Tara Michaël
– Robert Cottet


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